La Foire internationale des importations de Chine représente une opportunité en or pour promouvoir les exportations africaines

Bernard Ayeko L’auteur est un économiste, consultant et commentateur régional sur le commerce et l’investissement, basé à Nairobi au Kenya.

Récemment, la Chine a développé un réseau de relations économiques non seulement avec les principales puissances internationales, mais aussi avec les autres nations du monde constituant la semi-périphérie et la périphérie du système économique mondial.Avec la croissance économique de la Chine,la liste de ses partenaires commerciaux s’est développée pour inclure des pays en développement en Asie, en Afrique et en Europe, ainsi que d’autres parties du monde.Les relations commerciales de la Chine avec la plupart des pays ont pris un r?le dynamique, notamment grace aux politiques de soutien, à la géopolitique et à la géostratégie, les pays africains bénéficiant des différents projets chinois sous les auspices de l’initiative ? la Ceinture et la Route ?.

Au cours des trois dernières décennies,les relations économiques et commerciales de la Chine avec d’autres pays, notamment en Afrique, ont connu un développement considérable. Il s’agit désormais de la plus grande économie mondiale en matière de parité de pouvoir d’achat, ainsi qu’un important partenaire commercial au niveau mondial. Afin de s’assurer que les bénéfices du commerce soient renforcés à la fois pour la Chine, mais également pour ses partenaires commerciaux, le Président chinois Xi Jinping a annoncé aux délégués participant au Forum de ? la Ceinture et la Route ? pour la coopération internationale,qui s’est déroulé au mois de mai l’année dernière à Beijing, que la Chine organiserait en novembre la Foire internationale des importations de Chine (China International Import Expo, CIIE) à Shanghai. Cette foire vise à ouvrir encore davantage le marché chinois aux importations des autres pays.

Une initiative politique majeure

Cette foire comporte deux sections : l’une pour les échanges de marchandises, l’autre pour les échanges de services. La première présente des équipements intelligents haut de gamme, des produits et des appareils électroniques grand public, des automobiles, des vêtements, des accessoires, des biens de consommation, des produits alimentaires et agricoles, ainsi que des équipements médicaux. La deuxième présente des services dans le tourisme, les technologies émergentes, la culture, l’éducation,la conception créative ou encore l’externalisation des services. Les deux sections couvrent une surface totale de 210 000 m2,celle pour les échanges de marchandises remportant la part du lion en matière d’espace. Il s’agit d’une indication claire, que la Chine est engagée dans une coopération mutuellement bénéfique avec ses partenaires commerciaux. Xi Jinping a réitéré le fait que la CIIE n’était pas une simple foire ordinaire,mais une initiative politique majeure et un engagement délibéré de la part du gouvernement chinois d’ouvrir encore davantage le marché chinois aux importations des autres pays, notamment de l’Afrique.

Par le passé, la Chine a été accusée d’importer des matières premières d’Afrique pour fabriquer des produits manufacturés,afin de soutenir son fort taux de croissance et ses diverses exportations. L’avènement de cette foire a cependant tourné en ridicule les sceptiques. Beaucoup s’attendaient à ce que Xi Jinping poursuive le précepte de ses prédécesseurs consistant à ? cacher son éclat et conserver un profil bas ?. Au contraire, le développement de la Chine sous la direction de Xi Jinping a été audacieux et impressionnant, permettant au pays de passer de la périphérie à l’épicentre du système économique mondial. L’organisation de cette foire permet de démystifier la notion sceptique d’une relation moins symbiotique, mais également de promouvoir une atmosphère favorable pour une augmentation de la demande chinoise en importations étrangères,notamment africaines. Certains pourraient encore se demander, quelle est l’importance de la CIIE pour l’Afrique ?

Les bénéfices pour l’Afrique

Tout d’abord, avec le commerce entre la Chine et la plupart des pays africains privilégiant davantage les exportations chinoises que les exportations africaines, la CIIE apporte aux pays africains une opportunité de tirer parti du marché des importations chinoises. Au cours des neuf dernières années, la Chine a été le principal partenaire commercial de l’Afrique avec des volumes commerciaux augmentant annuellement pour atteindre les 170 milliards de dollars en 2017, selon les chiffres du ministère du Commerce de Chine. En 2016, le plus grand exportateur d’Afrique vers la Chine était l’Angola, suivi par l’Afrique du Sud et la République du Congo. Au cours de la même période, l’Afrique du Sud était le plus grand acheteur de produits chinois, suivis par l’égypte et le Nigéria.Cette foire donne donc aux pays africains une opportunité d’entrer sur le marché des importations de Chine, qui s’appuie sur un marché de plus de 1,3 milliard de personnes.En tant que deuxième économie mondiale,la Chine offre aux pays africains un potentiel colossal de croissance pour la consommation et les importations. Au cours des cinq prochaines années, la Chine importera des produits et des services pour une valeur dépassant les 10 000 milliards de dollars.Les pays africains doivent donc proposer un argumentaire subtil lors de la CIIE, afin d’augmenter la demande pour leurs exportations vers la Chine.

Le Centre national des expositions et des congrès de Shanghai, où s’est tenue la CIIE.

Deuxièmement, la CIIE offre aux pays africains une opportunité de créer un réseau avec le rassemblement le plus large et le plus ciblé de dirigeants d’entreprises,de décideurs politiques et d’importateurs majeurs de Chine et au-delà. Les exportateurs africains sont capables d’établir leurs marques en Chine en présentant des produits ou des démonstrations à une clientèle ciblée par le biais d’une promotion ciblée de leurs produits. C’est la raison pour laquelle, la CIIE place les exportateurs africains dans une position avantageuse pour établir de nouvelles relations commerciales avec des importateurs mondiaux. Elle les soutient dans leurs efforts pour pénétrer les marchés internationaux et gagner un avantage concurrentiel.

Troisièmement, la CIIE offre aux pays africains une opportunité de transfert technologique pour stimuler la production locale. Cela est facilité par la variété des produits présentés, avec un grand nombre de produits nouveaux et de nouvelles technologies d’entreprises venues de plus de 130 pays à travers le monde.Les pays africains peuvent découvrir une innovation technologique et une mise à niveau industrielle, qui leur permettent d’augmenter leurs biens et services à l’exportation vers la Chine, et de réduire ainsi le déficit commercial existant.

Quatrièmement, en participant à la CIIE,les pays africains apprennent et comprennent le besoin de faire des produits basés sur les consommateurs et con?us pour répondre aux besoins des consommateurs ordinaires sur les marchés étrangers, ce qui facilite l’obtention de devises étrangères et permet de réduire le déséquilibre commercial.

Enfin, le commerce de services, notamment le tourisme, a émergé comme la nouvelle frontière de croissance dans les relations sino-africaines. Il est donc important pour les exposants africains à la CIIE de présenter les pays africains comme des destinations touristiques et de vacances. à l’heure actuelle, des pays africains comme le Kenya, l’Afrique du Sud, la République de Maurice, le Maroc, l’égypte et la Tanzanie sont apparus comme étant les destinations touristiques africaines les plus compétitives pour les Chinois. CA