Donald Trump et l’Afrique
Après l’interdiction de voyager aux états-Unis formulée récemment par le gouvernement de Donald Trump qui a ciblé sept pays musulmans, dont la Somalie, la Libye et le Soudan en Afrique, et la suspension temporaire de cette interdiction prononcée par un juge fédéral américain qui a suivie, les Africains semblent déstabilisés par la nouvelle politique américaine. Près de 30 % de la population subsaharienne, et la majorité de la population d’Afrique du Nord, est musulmane. Dans les pays majoritairement musulmans, les relations sont très compliquées, parfois tendues, avec les états-Unis. Hichem Karoui, chercheur senior non-résident au Centre pour la Chine et la mondialisation, examine ce que pourrait être la politique des états-Unis en Afrique.
AU cours de ces dernières années, différents gouvernements américains ont exprimé unanimement leurs points de vue sur le terrorisme. Mais il faut se poser maintenant la question : ? Peut-on réussir dans la lutte contre le terrorisme en mettant en avant des thèses contre la mondialisation comme ‘America First’ ? ?
D’un c?té, même en interdisant l’entrée aux ressortissants de sept pays, les états-Unis risquent toujours d’être ciblés par une opération terroriste. Les responsables des attaques terroristes du 11 Septembre vivaient en Europe, pas en Afrique, et ils n’étaient pas Africains. D’un autre c?té, aucun des pays visés par les interdictions n’a eu de ressortissants impliqués dans des opérations terroristes aux états-Unis. D’autres pays hors d’Afrique dont des ressortissants ont participé à de telles opérations n’ont pas été visés par l’interdiction. Le fait d’interdire l’entrée de musulmans sur le territoire américain ne résout donc pas le problème du terrorisme.
Il faut se souvenir que les gouvernements américains précédents ont déployé des efforts concertés pour aider les pays africains qui luttaient contre le terrorisme ? djihadiste ?, notamment Boko Haram au Nigéria, Al-Qa?da au Maghreb islamique en Afrique du Nord et al-Shabab en Somalie. Les conseillers et formateurs militaires américains sont toujours présents sur le terrain au Sahel, à Djibouti et au Nigéria. Il y a aussi des drones de surveillance en République du Niger. Devant la rhétorique de M. Trump sur le terrorisme, certains diplomates estiment que de telles mesures doivent se poursuivre.
Alors que M. Trump se concentre fortement sur les relations américaines avec les grands pays, il n’a pas parlé de l’Afrique sur le plan politique. Joseph Schmitz, son conseiller lors de la campagne, a décrit les objectifs politiques de son gouvernement pour l’Afrique lors d’une rencontre récente au Centre Wilson, disant que l’administration Trump se montrera judicieuse en termes d’aide et de commerce vis-à-vis de l’Afrique. Et d’ajouter que pour l’administration Trump, il est crucial pour les relations entre Washington et l’Afrique de se débarrasser de la corruption, aussi bien aux états-Unis qu’en Afrique.
Le sens commun souligne qu’un commerce prospère est garanti si la sécurité est assurée. Rappelons que sur les 18 antennes de l’état islamique, 8 sont actives en Afrique.
Le nouveau président américain est un homme d’affaires et un commer?ant, pas un chef de guerre. Son pays est cependant impliqué dans différentes guerres d’envergure variée, notamment la campagne contre le terrorisme, et il pourrait être tenté d’utiliser les ? grands moyens ?. Bizarrement, sa tendance antimondialiste a pris une apparence sécuritaire. Ses critiques lui demandent pourquoi il n’a pas trouvé un meilleur moyen de résoudre la question, plut?t que d’interdire aux gens d’entrer aux états-Unis.
Aucun des trois pays africains soumis à l’interdiction n’a de relations commerciales importantes avec les états-Unis. Mais les Somaliens, les Soudanais et les Libyens ont vraiment besoin des états-Unis. Il faut donc attendre pour comprendre ce que signif i e ? America First ? en termes d’engagement des états-Unis en Afrique. CA