La Cité interdite s'associe avec un géant des technologies pour diffuser son patrimoine culturel par Pan Xiaoqiao
Moderniser la Cité interdite
La Cité interdite s'associe avec un géant des technologies pour diffuser son patrimoine culturel par Pan Xiaoqiao
LA vidéo d'un empereur chinois en train de dan
ser, de rapper, de se prendre en selfie ou d'envoyer des messages par WeChat à ses concubines, a fait le buzz sur internet début juillet. Cette vidéo était le résultat d'un partenariat entre le géant chinois d'internet, Tencent, et le Musée du palais de Beijing, aussi connu comme la Cité interdite. Le protagoniste de la vidéo, l'empereur Yongle(1360-1424), troisième monarque de la dynastie des Ming(1368-1644), n'aurait jamais pu imaginer que les jeunes du XXlesiècle apprécieraient autant la Cité interdite,construite sous son règne au XVesiècle. ? C'est surprenant de voir l'empereur Yongle chanter, danser et utiliser WeChat. C'est dr?le et assez impressionnant ?, confie Wang Xinyi, étudiante à l'Université des études étrangères de Beijing. ? Les personnages historiques présents au Musée du palais sont statiques et silencieux, mais la vidéo les ramène à la vie d'une manière très originale et moderne. Avec cet outil, l'histoire n'est plus ennuyeuse et uniquement basée sur des textes. ?
Le musée a également présenté toute une série basée sur les tableaux du palais, on peut ainsi voir les concubines jouer à des jeux vidéo ou utiliser des casques de réalité virtuelle. Mary Lincoln, étudiante de la faculté d'éducation de l'Université de l'état du Michigan, aux états-Unis, se dit épatée par le mélange de styles dans ces ?uvres. ? C'est un mélange de vieux et de neuf. Plus je regarde ces images, plus je les aime. J'aimerais visiter le palais à partir de ces images, et je serais partante pour découvrir un jeu vidéo basé sur ces ?uvres ?, assure-telle après avoir regardé la vidéo à plusieurs reprises. Son camarade de classe, Jackson Falkowsk, était également très intéressé par la vidéo, il espère désormais pouvoir visiter le musée.
Ces nouvelles approches modernisent l'image du palais, habituellement per?u comme solennel et imposant. Elles sont en fait une invitation faite aux développeurs de jeux vidéo et aux étudiants, pour participer au concours de créativité, Next ldea Tencent Creativity Competition,organisé par Tencent. Pour gagner ce concours, les participants doivent créer des émoticons pour WeChat ou pour QQ, ou bien des jeux mobiles inspirés d'?uvres classiques, comme les portraits d'empereurs. à partir d'octobre, les mobinautes pourront utiliser des émoticons créés par les participants du concours.
? En septembre dernier, le Musée du palais a présenté une exposition sur les ?uvres de Shiqu Baoji (de précieuses archives de tableaux et de calligraphies exposées à la Cité interdite). De nombreuses personnes ont fait la queue pour pouvoir admirer ces ?uvres, certaines ont même attendu jusqu'à minuit ?, racontait Shan Jixiang, directeur du Musée du palais, lors d'une conférence annon?ant le partenariat du musée avec Tencent. ? Nous nous sommes rendus compte que 70 % des personnes qui attendaient pour voir cette exposition étaient des jeunes venus du monde entier. Nous voulons que les jeunes puissent en apprendre davantage sur la Cité interdite, avec une information facilement accessible grace aux nouvelles technologies. ?
Ce palais de plus de 600 ans n'a de cesse de s'adapter aux diverses modes du web, pour susciter l'intérêt des jeunes générations et partager son patrimoine culturel. En 2008 déjà, le palais lan?ait une boutique en ligne sur Taobao, à la suite d'un accord avec Alibaba, l'entreprise de célèbre Jack Ma, vendant des souvenirs et des objets inspirés par le style du palais. La Cité interdite a également sa propre équipe dédiée aux réseaux sociaux. Nés dans les années 1980, 1990, les membres de cette équipe, tentent quotidiennement de faire le lien entre les sujets d'actualité et la culture traditionnelle du palais,afin d'attirer un public plus jeune au musée. En 2014, le palais avait ainsi développé une application interactivepour iPad : ? Une journée dans la vie d'un empereur chinois ?. Dans ce jeu, un avatar simulait le travail et les loisirs d'un souverain chinois. Le concours de créativité organisé par Tencent n'est pas la première coopération entre la compagnie et le musée. Depuis début 2014, un service de réservation en ligne pour le palais est disponible sur WeChat ; et le musée a son propre compte sur la célèbre application mobile. Alors que la coopération était davantage technique dans le passé, ce nouveau concours crée un partenariat plus culturel.
Une concubine portant un casque de réalité virtuelle.
La Galerie digitale Duanmen au Musée du palais,à Beijing.
La vidéo de l'empereur Yongle a fait le buzz sur internet.
Le Musée du palais, ancienne résidence royale regorgeant de trésors culturels et historiques, est un extraordinaire réservoir pour les compagnies cherchant à tirer avantage de la bourgeonnante économie de la propriété intellectuelle. Par ailleurs, étant donné l'énorme base d'utilisateurs de Tencent (877 millions d'inscrits), la compagnie peut sans aucun doute aider le musée à atteindre une audience plus jeune. ? ll est important de garder ce magnifique palais intact pour les générations à venir ?, rappelle Shan. Le directeur du musée dit espérer que les jeunes continueront à développer le patrimoine culturel du palais et qu'ils s'intéresseront davantage à la culture traditionnelle du pays.
Le Musée du palais abrite plus de 1,8 million d'?uvres. ll accueille environ 15 millions de visiteurs par an, avec une augmentation annuelle d'un million. Pour garantir la sauvegarde de ce patrimoine, il existe beaucoup de restrictions dans l'accès aux expositions du musée. Une des plus célèbres collections de calligraphie est ainsi par exemple présentée dans la salle Sanxi Studio. Toutefois, étant donné qu'elle ne mesure que 8 m2, les visiteurs ne peuvent admirer ces ?uvres qu'à travers la fenêtre. Les conservateurs du musée doivent depuis longtemps faire face aux dommages intentionnels et à la dégradation naturelle des ?uvres. Les technologies digitales semblent offrir une solution à ce problème.
Le lancement du site internet du palais, en juillet 2001, marquait le début de cette ère digitale. Par la suite, en octobre 2003, la Cité interdite a inauguré un institut de recherche sur l'utilisation du numérique,se focalisant sur la valorisation digitale des ?uvres du musée. En collaboration avec la Japan's Toppan Printing Co. Ltd., cet institut vise à préserver les ?uvres à l'aide des technologies digitales. Le travail de réalité virtuelle,La Cité interdite, le palais des empereurs, est l'un des premiers résultats des recherches de cet institut. Grace à cette technologie, les visiteurs peuvent bouger librement dans un espace virtuel tridimensionnel. Selon Shan, le Musée du palais complétera son programme digital à la fin de l'année. Pour l'instant, sept films de réalité virtuelle sur la Cité interdite ont déjà été produits,parmi lesquels cinq ont déjà été présentés au public. En innovant, le Musée du palais cherche à diffuser ses expositions à travers divers moyens et attirer un public plus large. Bient?t, le musée pourrait entièrement être recréé en réalité virtuelle. CA