Une ONG kenyane facilite la transition des entreprises chinoises arrivant en Afrique par Xia Yuanyuan
Mieux travailler en Afrique
Une ONG kenyane facilite la transition des entreprises chinoises arrivant en Afrique par Xia Yuanyuan
LORSQU'ON lui demande pourquoi il s'est expa
trié en Afrique, Huang Hongxiang, un jeune Chinois de 28 ans, répond : ? En Afrique, tout est différent. L'Afrique a de belles perspectives. ? Nombre de ses amis l'admirent parce qu'il a poursuivi ses rêves. En 2013, après avoir été dipl?mé d'un master en administration publique de l'Université Columbia à New York, avec une spécialisation en pratiques du développement durable, il a choisi de poursuivre sa carrière en Afrique plut?t que de trouver un emploi aux Etats-Unis ou de retourner en Chine.
En 2014, Huang Hongxiang fonde l'organisation China House au Kenya, avec pour objectif d'aider les entreprises chinoises à faire un ? atterrissage en douceur ? en Afrique. Au cours des deux dernières années, cette ONG a effectué une recherche sur les investissements chinois en Afrique et fourni ses conseils aux entreprises souhaitant ouvrir un commerce sur le continent. De plus,grace aux efforts de China House, plus d'entreprises et de Chinois sont impliqués dans la protection de la nature et de la faune sauvage africaine, un sujet qui lui tient à c?ur.
L'intérêt de Huang Hongxiang pour le développement des entreprises chinoises à l'étranger remonte à 2011,lorsque Huang se rend seul en République d'Equateur pour effectuer des recherches sur ce sujet. Alors qu'il réalisait une étude de terrain, il découvre que les investissements chinois à l'étranger sont entravés par de nombreux problèmes. ? De plus en plus d'entreprises chinoises s'internationalisent et je veux promouvoir le développement durable de leurs investissements à l'étranger avec ce que j'ai appris à l'université. Comme l'Afrique est le premier choix pour les entreprises qui veulent se lancer à l'international, j'ai décidé de m'installer en Afrique après mon dipl?me. En Afrique,les entreprises chinoises ont besoin d'une bonne plateforme de services pour les guider et les aider à mieux se développer ?, explique-t-il.
En avril 2014, Huang a réuni un groupe de jeunes Chinois partageant sa vision. Ensemble, ils ont enregistré l'organisation China House au Kenya, la première ONG chinoise en Afrique. ? Nous espérons grandir ensemble avec ceux qui veulent explorer les opportunités en Afrique ?, explique-t-il. D'une part, son équipe réalise des recherches sur des sujets liés à certains problèmes affectant les investissements chinois à l'étranger, notamment des questions de gestion de l'activité, de conflits salariaux et d'impact environnemental. D'autre part, elle fournit également des services, comme des associations de projets, des études de marché, des formulations de stratégie et une gestion de la responsabilité sociale des entreprises.
Alors que l'Afrique est en passe de devenir l'une des régions connaissant la plus forte croissance de la planète,les investisseurs chinois impriment leur marque sur le continent. lls posent des rails, construisent des routes et mettent place des réseaux électriques et de communication, ainsi que d'autres infrastructures. ? La Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Afrique. Mais derrière ces chiffres en plein essor, il existe de nombreux problèmes dans le processus de la coopération entrepreneuriale ?, explique Huang Hongxiang.
ll note qu'en Chine, les entreprises chinoises sont performantes dans leurs activités, mais font moins attention à la communication. Selon lui, il s'agit d'une erreur pour le développement d'une entreprise en Afrique. ? Nousdevons rappeler aux entreprises chinoises de promouvoir une communication efficace et [de renforcer] la compréhension avec les ONG locales.
Huang Hongxiang assiste à l'une des plus grandes destructions d'ivoire au Kenya.
Huang Hongxiang(troisième à gauche) participe à la lutte contre le braconnage au Kenya.
Les conflits salariaux sont le défi le plus fréquent auquel doivent faire face les entreprises chinoises en Afrique et celui-ci est aggravé par une mauvaise communication avec la communauté locale et les ouvriers. Les problèmes dans certains aspects - comme les accords informels d'emploi, le salaire minimum et les relations avec les syndicats -entravent dans une certaine mesure leur bon développement en Afrique. ? Les entreprises chinoises devraient se coordonner et travailler ensemble pour définir les normes de responsabilités sociales des entreprises, et améliorer la transparence de leur gestion, afin de parvenir en Afrique à un développement sain et durable, explique Huang Hongxiang à CHINAFRIQUE. Nous pouvons être utiles à cet égard. ?
En 2014, China House a lancé le projet ? Africa Tech Challenge ? (ATC) pour le groupe chinois AVlC lnternational Holding, basé à Nairobi. Ce projet vise à fournir une formation technologique, professionnelle et entrepreneuriale pour les jeunes Kényans. Pour Huang Hongxiang, la durabilité est vitale pour le succès d'une entreprise. ATC crée des opportunités d'emplois en donnant aux jeunes Kényans la chance d'intégrer des cours techniques, tout en mettant en évidence la responsabilité sociale des entreprises chinoises.
China House est aussi engagée dans la réduction de l'impact social et environnemental des investissements chinois à l'étranger. Selon Huang, les entreprises laissent toutes une empreinte carbone relativement importante,quelles que soient leurs tailles. Toutes les mesures prises pour réduire cette empreinte sont per?ues comme bénéfiques à l'entreprise, mais aussi à la société dans son ensemble. Huang Hongxiang est un participant assidu des nombreuses initiatives africaines de protection environnementale et c'est un défenseur actif de la cause environnementale. ? Nous devons faire savoir au peuple africain, que de plus en plus de Chinois sont impliqués dans des initiatives de protection de la faune sauvage en Afrique, ce qui est crucial pour que les Chinois et les entreprises chinoises puissent mieux s'intégrer en Afrique ?, explique Huang.
Le 9 ao?t, Huang fut invité à participer au Forum de diplomatie publique sino-africaine se déroulant à Dar-es-Salaam en Tanzanie, où il put discuter avec des responsables politiques, des hommes d'affaires et des experts sur les opportunités de développement futur entre la Chine et l'Afrique. Après le forum, il avait une vision plus claire de la direction pour le développement futur de son organisation. ? L'objectif de China House est d'être une plate-forme diplomatique publique pour une meilleure intégration des entreprises chinoises en Afrique et un développement durable sur le continent. Nous espérons également réduire les divergences d'opinions, qui pourraient mener à des incompréhensions entre la Chine et l'Afrique ?, explique-t-il.
Le principal problème auquel doit faire face China House est aujourd'hui sa condition financière. Même si de nombreux projets ont été mis en place depuis sa création, peu d'entre eux ont apporté des revenus significatifs à l'ONG. ? Mais pour Huang Hongxiang, il ne fait aucun doute que China House est promise à un brillant avenir. CA
? xyy@chinafrica.cn