par Xia Yuanyuan

Les entreprises de machinerie du Hunan alimentent la croissance économique du marché africain

Joseph Garba conna?t les excavatrices comme le fond de sa poche. Avec plusieurs années d'expérience dans ce domaine, cet opérateur d'excavatrice nigérian travaille actuellement dans une carrière près d'Abuja. Il opère d'une main experte et avec une facilité déconcertante son énorme excavatrice SY335, produite par la société chinoise Sany Heavy Industry.

L'équipement de marque Sany est utilisé pour construire l'usine de ciment de Biskra, en Algérie.

Interrogé sur ce qu'il pensait des engins Sany, il a levé le pouce en signe d'approbation. ? Ils sont rapides, faciles à utiliser et de bonne qualité ?, a-t-il répondu.

Basée à Changsha, dans la province du Hunan, la société Sany est présente dans le secteur de la construction d'infrastructures du Nigeria depuis 2002. Au cours des 17 dernières années, ses équipements ont été utilisés dans de nombreux projets phares du Nigeria, notamment la centrale hydroélectrique de Zungeru, la raffinerie de Dangote et le projet immobilier Eko Atlantic.

Avec la mise en ?uvre de l'initiative chinoise ? la Ceinture et la Route ?, un nombre croissant d'entreprises de machinerie de la province du Hunan ont tenté leur chance en Afrique. Les sociétés Sany, Zoomlion Heavy Industry Science & Technology et Sunward Intelligent Equipment, entre autres, visent à promouvoir le commerce avec les entreprises locales et participer à l'amélioration des capacités industrielles du continent.

Atterrissage en douceur

En plus de répondre à la demande du marché intérieur, de nombreux fabricants chinois de machinerie lourde se sont également tournés vers les marchés d'outre-mer émergents. Ils se démarquent en mettant l'accent sur des projets d'infrastructure de grande envergure, comme des tours d'habitation et des routes. En Afrique, les besoins en infrastructures sont immenses.La construction d'infrastructures joue un r?le important pour aider le continent à jeter les bases de sa croissance future, a dit Justin Lin Yifu, professeur à l'Université de Pékin et ancien économiste en chef de la Banque mondiale. Selon lui, la coopération sino-africaine en matière de développement des infrastructures peut favoriser la croissance des pays africains. De plus, la Chine pourrait transférer ses industries à forte intensité de main-d'?uvre sur le continent.

Avant de faire le grand saut, Sany a d'abord procédé à des études de marché approfondies et des visites sur place dans différentes villes africaines. En 2002, elle est devenue l'une des premières entreprises de machinerie de construction du Hunan à s'installer en Afrique, effectuant sa première vente au Maroc. En 2016, Sany a vu ses opérations étendues à trois régions d'Afrique - l'Afrique du Nord, l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique australe, avec un solide système de marketing et de services aprèsvente pour ses clients africains.

Grace à la qualité de ses produits et à son vaste réseau de vente en Afrique, l'entreprise s'est vu con fier de nombreux projets importants, notamment la fourniture d'équipements complets pour le parc éolien d'Adama en éthiopie, le projet de la Grande Mosquée d'Alger en Algérie et la construction des installations pour la Coupe du monde de la FIFA 2010 en Afrique du Sud.

En date d'avril de cette année, les ventes totales d'équipements de Sany en Afrique avaient dépassé les 10 milliards de yuans(1,49 milliard de dollars). Ses produits les plus populaires sont les grues, les excavatrices, les rouleaux compresseurs, les machines énergétiques et les machines portuaires. L'entreprise se classe en tête des entreprises chinoises qui exportent de la machinerie de construction vers l'Afrique.

Zhou Wanchun, PDG de Sany, a souligné que les plus importants clients africains du secteur des machines se montrent de plus en plus réceptifs face au ? fabriqué en Chine ?. Cela est d? à la qualité et aux performances élevées des produits, à l'effi-cacité du réseau de vente et après-vente de Sany et à l'aide des agents locaux, selon lui.

Ahcène Boukhelfa, ambassadeur d'Algérie en Chine, abonde dans le même sens. La modernisation des infrastructures demeure la priorité de l'Afrique, et l'Algérie ne fait pas exception, selon lui.? Nous avons établi une bonne coopération avec les sociétés chinoises de machines d'ingénierie et nous passerons d'autres commandes à l'avenir ?, a-t-il souligné.

S'adapter au marché local

La stratégie de localisation est une partie importante du succès de Sany sur le marché international. Cela est évident dans la conception de ses produits. ? Afin de s'adapter à la demande du marché, tous les produits exportés vers le marché [africain]ont été modi fiés ?, a déclaré Xiao Jiang, directeur général adjoint de Sany.

Ces dernières années, un certain nombre de constructeurs de machinerie ont lancé des moteurs à injection électronique de carburant conformes aux normes d'émission Euro III. Ils ont remporté un vif succès dans de nombreux pays, mais pas au Nigeria. Comme la qualité du carburant local n'est pas élevée, le système d'injection électronique se trouve facilement bloqué,ce qui nuit aux performances du moteur.Par conséquent, l'excavatrice exportée au Nigeria par Sany utilise toujours le moteur à injection directe conforme aux normes Euro II, plus adaptées au marché local.

En outre, Sany fournit des services de haute qualité au Nigeria, dont une cha?ne d'approvisionnement plus rapide. En raison de la distance avec la Chine, le cycle d'approvisionnement en accessoires prend jusqu'à quatre mois. Or, si le remplacement des pièces n'est pas effectué à temps, cela peut avoir un impact important sur l'échéancier des projets d'infrastructure. A fin d'accélérer le processus, dès 2007, Sany a établi un entrep?t de pièces détachées et une équipe d'ingénieurs à Abuja. En 2017, Sany a ouvert un magasin à guichet unique qui regroupe les ventes, le service après-vente, les pièces de rechange et la rétroaction des clients à Lagos, la plus grande ville du Nigeria. Cela a permis non seulement de raccourcir considérablement le cycle d'approvisionnement, mais aussi de répondre aux besoins des clients en temps opportun. Les entreprises chinoises aident également les pays africains à former des techniciens locaux aptes à opérer et entretenir les appareils mécaniques. Par exemple,le Collège polytechnique Sany, créé par la compagnie du même nom, est un établissement d'enseignement supérieur à plein temps situé dans la ville de Changsha. Un grand nombre de travailleurs et de cadres africains ont été formés ici.

Prolonger la ligne

Les entreprises de machinerie du Hunan ne se contentent pas de vendre des machines à l'Afrique. Elles espèrent aussi participer à la construction du continent de manière plus signi ficative. Aujourd'hui, leurs activités ont commencé à prendre de l'expansion, passant du secteur des machines de construction à celui de l'équipement informatique, de l'énergie éolienne, des minéraux et d'autres domaines. De plus, suite aux progrès réalisés par Sany, des équipements de haute qualité provenant d'autres entreprises de machinerie du Hunan - dont Zoomlion et Sunward Intelligent - ont également fait leur entrée en Afrique.

Le 27 juin 2016, Sany a signé un accord pour exploiter le parc de fabrication de machinerie Adama-Hunan avec d'autres entreprises de Chine et d'éthiopie. Le parc industriel a attiré 18 entreprises de Changsha et vise à devenir une zone moderne de fabrication d'équipements après son ouverture en 2020. à l'heure actuelle, la cha?ne industrielle des entreprises de machinerie du Hunan s'étend à la fabrication industrielle de pointe, à l'énergie propre et à l'électricité, aux grands projets d'infrastructure et de construction dans des pays comme l'Algérie,la Tunisie, l'éthiopie et l'Afrique du Sud. CA