M. Franck Michel Niaina Andriantsitohaina (cinquième à partir de la droite) remet des distinctions honorifiques à six médecins chinois ayant participé à la 21e mission médicale chinoise à Madagascar, en juin, à Beijing.

Le partenariat entre la Chine et Madagascar évolue dans la bonne direction, selon le ministre malgache des Affaires étrangères

Dès 2017, Madagascar a été parmi les premiers pays africains à signer avec la Chine un mémorandum d'entente dans le cadre de l'initiative ? la Ceinture et la Route ?. Depuis, les deux pays n'ont cessé d'approfondir leurs domaines de coopération traditionnels - notamment la santé - tout en s'effor?ant d'étendre leur partenariat à de nouveaux secteurs.

M. Franck Michel Niaina Andriantsitohaina, ministre des Affaires étrangères de la République de Madagascar, était de passage en Chine dans le cadre de la réunion des coordinateurs pour l'application des résultats du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), les 24 et 25 juin. Préalablement, il a pris part à une cérémonie dans l'ambassade de Madagascar en Chine, durant laquelle il a remis en mains propres des distinctions honorifiques à six médecins chinois ayant participé à la 21emission médicale chinoise à Madagascar.

CHINAFRIQUEa profité de cette occasion pour s'entretenir avec lui sur l'avenir des relations entre la Chine et Madagascar. Voici des extraits révisés de l'interview.

CHINAFRIQUE :Alors que Madagascar accueille présentement la 22emission médicale chinoise, quel bilan tirez-vous de cette coopération ?

Il s'agit d'un excellent programme de coopération. Depuis 1975, plus de 600 médecins chinois sont venus à Madagascar. Je crois que c'est la plus belle facette de la coopération, à savoir celle qui permet à la population de profiter directement des soins de santé. Et le plus important est qu'il s'agit de soins de santé qui sont pleinement accessibles. Il faut ajouter à cela que les médecins chinois sont des volontaires qui sont extrêmement bien acceptés au sein de la population. Ils font preuve de beaucoup d'humilité et leur passage laisse toujours un bon souvenir aux communautés locales.

Pour ce qui est de l'avenir, il faudra d'abord nous concentrer sur tout ce qui concerne la conservation des vaccins, qui est un aspect important. Nous avons aussi une grosse ambition d'investissement à Madagascar, et donc, l'industrie pharmaceutique fait partie des programmes du Président Andry Rajoelina.

Madagascar est un partenaire important de la Chine dans le cadre de l'initiative ? la Ceinture et la Route ?. En quoi cette initiative aide-t-elle Madagascar à réaliser ses propres objectifs de développement ?

L'initiative ? la Ceinture et la Route ? correspond au programme de développement du Président Rajoelina et à son initiative pour l'émergence de Madagascar. Ce que nous attendons de la coopération, c'est l'esprit gagnant-gagnant tel que la Chine le présente. Sur ces dernières années, il y eut une accélération de la coopération entre la Chine et Madagascar dans des domaines très variés qui ont permis le développement.

Ces quatre derniers mois, depuis que le Président Rajoelina est au pouvoir, on voit bien qu'il y a une nette amélioration, en particulier dans le domaine des infrastructures, où de nombreux projets routiers ont été signés. Pour ne retenir que les éléments essentiels que sont la facilitation du commerce, la promotion de l'industrialisation et le développement vert, qui sont tous des aspects très importants pour nous. Il y a encore des projets qui sont en cours surtout en matière d'hydroélectricité, car l'énergie est importante pour notre programme de développement.

Récemment, l'Accord sur la Zone de libreéchange continentale africaine est officiellement entré en vigueur. De plus, la première édition de l'Exposition économique et commerciale sino-africaine se tient à Changsha, dans la province du Hunan. Qu'est-ce que cela signifie pour l'Afrique et pour Madagascar en particulier ?

Franck Michel Niaina Andriantsitohaina.

Le commerce ne peut se développer que quand l'échange est libre. Il est important pour Madagascar d'avoir accès à l'ensemble du marché du continent africain. En ce qui concerne notre relation avec la Chine, nous avons des intérêts communs à ce que le commerce se développe entre le continent africain et la République populaire de Chine. En ce qui concerne Madagascar en particulier, les relations et les flux commerciaux avec la Chine sont très importants.

Les états font des accords et améliorent l'environnement des affaires, mais en fin de compte, le développement se fait par les entreprises. à ce titre, la [première édition de l'Exposition économique et commerciale sino-africaine] est importante car elle permet aux opérateurs malgaches de venir rencontrer des opérateurs africains et chinois. Ils sont venus relativement nombreux, avec des chambres de commerce et des groupements patronaux. Madagascar accorde une très grande importance à cette partie concrète qui vient compléter la partie diplomatique. à preuve, nous avons délégué trois ministres pour accompagner notre délégation.

Sur la base du principe de coopération gagnant-gagnant pour les deux parties, qu'est-ce que Madagascar apporte d'unique dans sa relation avec la Chine ?

Madagascar a une position stratégique importante par rapport à l'Afrique et, à ce titre, il peut jouer un r?le de lien entre la Chine et le continent. D'abord, nous sommes mi- Africains, mi-Asiatiques, ce qui nous permet de créer des liens solides. Madagascar est un peu la porte pour aller en Afrique quand vous venez de Chine.

Ce qui permet aux deux pays de sortir gagnant de la relation, c'est aussi le fait que Madagascar est un endroit important pour pouvoir investir aujourd'hui. Le pays sera demain la porte qui permettra d'investir et de vendre sur l'Afrique. La deuxième chose importante est que Madagascar jouit d'un accès à des marchés à des taux préférentiels, la Chine aurait donc intérêt à investir à Madagascar. Madagascar est une réserve agricole importante qui peut servir à alimenter non seulement le continent africain mais également la République populaire de Chine.

Lors du Sommet de Beijing du FCSA de 2018, les chefs d'état africains et chinois ont adopté une déclaration appelant à construire une communauté de destin Chine-Afrique. Quel est votre avis à ce sujet ?

Un peu de philosophie est aussi important dans les relations entre les pays. Le développement ne peut se concevoir que si tout le monde en profite. Les populations et les pays, sans exception, visent tous à réaliser un développement harmonieux. Nous retenons de tout cela qu'il va falloir que tout le monde participe et que les relations entre les pays se développent sur une base harmonieuse et gagnant-gagnant.

Une autre facette de cette coopération est qu'il est important que les pays du Sud s'entraident. Qu'on commence déjà par coopérer entre nous, cela nous permettra ensuite d'être plus harmonieux avec les autres pays.