par Li Jing
Les experts agricoles chinois partagent les technologies d'irrigation avec leurs partenaires du Burkina Faso
Liang Xiaoping et des techniciens locaux arpentent l'emplacement du barrage de conservation d'eau.
La Fête du Printemps - le jour le plus important pour les Chinois - tombe le 5 février cette année. Liang Xiaoping, expert en irrigation et conservation de l'eau, n'a pas pu rentrer chez lui pour célébrer avec sa famille, mais cela ne l'a pas empêché de passer une fête mémorable - au Burkina Faso.
Liang Xiaoping est ingénieur en chef au Bureau des ressources en eau de la ville de Tianmen, dans la province du Hubei. C'est aussi un véritable vétéran de la planification, de la conception, de la construction et de la gestion de projets de conservation de l'eau et en irrigation.
Son actuel séjour au Burkina Faso est son cinquième en Afrique. Auparavant, il avait participé à deux sessions du projet de coopération Sud-Sud entre la Chine et le Nigéria organisé par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Plus tard, à l'invitation du gouvernement nigérian, il y est retourné pour travailler en tant que consultant international en irrigation. En outre, l'expert agricole de haut niveau a également fait ses preuves en Ouganda, où il a été envoyé par le ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales.
Le 26 mai 2018, la Chine et le Burkina Faso ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques, après un gel de 24 ans. Liang Xiaoping, agé de 54 ans, s'est alors porté volontaire pour le premier projet d'assistance agricole entre les deux pays et a été choisi comme chef de groupe. Il est arrivé au Burkina Faso le 30 juin 2018 pour commencer sa mission d'un an à la tête d'experts en irrigation, conservation de l'eau, machines agricoles et riziculture.
? Nous sommes le premier groupe d'experts agricoles au Burkina Faso après la reprise des relations de nos deux pays, donc je sais que je dois assumer de nombreuses responsabilités et que mon comportement représente l'image de la Chine. En tant que chef d'équipe, je dois faire preuve de prudence dans mon travail, prendre les devants et diriger l'équipe pour mener à bien la mission ?, a con fié Liang Xiaoping à CHINAFRIQUE.
Enclavé en Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso baigne dans un climat tropical de savane. Bien que le pays n'ait pas de désert, sa vaste région occidentale est sablonneuse. Le sol est infertile et les terres arables sont rares. Selon les recherches du groupe, les précipitations annuelles locales ne sont que d'environ 1 000 mm, avec une évaporation annuelle d'environ 1 500 mm et un ruissellement annuel d'environ 500 mm. La saison des pluies ne dure que trois mois, le temps étant sec le reste de l'année. Par conséquent, le pays est en proie à une grave pénurie d'eau. Limitée par les conditions naturelles, l'agriculture locale est dominée par le riz de montagne.
? Pendant la saison des pluies, il ne pleut que tous les sept à dix jours. Par conséquent, le riz ne peut pas être irrigué de manière efficace pendant la période critique de la croissance et le rendement est donc faible. A fin de résoudre ce problème, il est nécessaire de construire des installations efficaces de stockage d'eau et de mettre fin à la dépendance par rapport à la pluie ?, explique M. Liang.
Selon l'enquête de M. Liang, bien que certains systèmes d'irrigation fournis par des organisations internationales existent sur les plaines, ils sont gravement endommagés - résultat d'un manque d'entretien qui dure depuis de nombreuses années. Ils n'arrivent donc pas à satisfaire aux exigences de conception des zones d'irrigation.
De surcro?t, les machines agricoles ne sont pas répandues et les agriculteurs utilisent généralement des outils simples tels que des houes, des faucilles et des pics pour leurs travaux. Le faible niveau d'éducation des agriculteurs freine également la promotion de nouvelles technologies agricoles.
En outre, en raison des restrictions imposées par la loi locale, l'introduction de semences de riz est limitée, et cela, même si le riz local est réputé être de mauvaise qualité. De plus, les pénuries d'engrais et de pesticides ont également de graves conséquences sur les rendements du riz et des autres céréales, ce qui réduit encore le taux d'utilisation des terres.
Face à ces dé fis, M. Liang commence par la construction d'un système de stockage d'eau et d'irrigation. Conformément aux caractéristiques topographiques et géomorphologiques locales, il dirige le groupe d'experts et des techniciens locaux dans les préparations et décide finalement de construire un barrage de stockage d'eau dans la zone rizicole du village de Nariou, dans la région du Centre-Ouest. Après 41 jours de construction, le barrage est officiellement achevé le 3 février 2019. Il permettra l'irrigation complémentaire de 50 hectares de rizières pendant la saison des pluies.
? Quand les pluies auront cessé, le barrage de stockage pourra être utilisé pour continuer à irriguer les plants de riz pendant leur floraison, ce qui va effectivement améliorer le rendement. Ce barrage répond aux besoins à long terme des résidents locaux ?, affirme M. Liang. M. Gaoussou Sanou, directeur du Centre de riz du Burkina Faso, abonde dans le même sens.
En outre, M. Liang et le groupe d'experts réalisent aussi la remise en état de 4 hectares de terres et la construction de systèmes d'irrigation à Bagrepole, dans la région du Centre-Est, ainsi que la construction d'un canal d'irrigation de 2 km avec 10 vannes dans le village de Bama, dans la région des Hauts-Bassins, permettant l'irrigation de 1 200 hectares de rizières.
Les experts chinois organisent également des formations techniques sur le terrain pour partager leur expérience et expliquer les techniques de production de riz aux agriculteurs locaux, notamment la production de semences, la gestion des rizières, la récolte mécanique du riz, le battage mécanique et la conservation de l'eau.
Selon Liang Xiaoping, il est nécessaire d'adapter ces sessions de formation au niveau d'éducation des apprenants. ? Pour les agriculteurs ordinaires, il vaut mieux organiser des formations sur le terrain pour fournir des démonstrations pratiques. Pour les techniciens agricoles, en plus des explications et des démonstrations, la vulgarisation scientifique est également nécessaire ?, explique-t-il.
Au moment de mettre sous presse, le groupe d'experts chinois avait effectué 37 enquêtes dans 11 régions du Burkina Faso et s'était rendu dans 14 provinces pour y organiser 16 sessions de formation, auxquelles ont participé 564 personnes. ? Je suis engagé dans la conservation de l'eau depuis 36 ans et j'espère approfondir l'amitié entre la Chine et le Burkina Faso avec mon propre savoir-faire a fin que plus de gens puissent en béné ficier ?, conclut-il. CA