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L’amour sans frontières
De nombreux Chinois mènent des actions caritatives en Afrique, apportant aux orphelins du continent aides diverses et amour par Ge Lijun
En novembre 2015, alors que Lizzy ngarawa, 14 ans, est à Harare pour une visite médicale, une troupe de ballet de la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine, s’y produit justement. Sa bienfaitrice chinoise a réservé des places de choix pour que Lizzy puisse assister au spectacle avec l’enseignante qui l’accompagne. à cause de ses problèmes oculaires, la jeune fille risque de ne plus jamais avoir l’opportunité de voir un tel spectacle.
Lizzy habite à l’orphelinat Hurungwe de la ville de Karoi, située à 210 km à l’ouest de la capitale, Harare. Elle avait mal aux yeux depuis 2014, mais, par manque d’argent, n’a pas été traitée et sa maladie s’est aggravée, lui faisant risquer de perdre totalement la vue. C’est alors que l’orphelinat fait appel au groupe des Mamans chinoises du Zimbabwe.
Ce groupe est une organisation caritative appartenant à l’Association de commerce des Chinois au Zimbabwe. Les mamans re?oivent la lettre de l’orphelinat de Karoi en février 2015. Après des discussions, elles décident de financer le traitement de la jeune fille à Harare. Elles font transférer Lizzy de l’h?pital public à l’h?pital privé et à la suite d’une dizaine d’examens, la maladie régresse.
Pour le dernier traitement, le médecin prescrit du collyre acyclovir. Les mamans parcourent toutes les pharmacies de Harare, sans succès. Yan Jing, membre du groupe, demande alors de l’aide à ses amis en Chine qui trouvent enfin le médicament à Beijing. Très rapidement, des amies se rendant au Zimbabwe rapportent le traitement de Lizzy. Tenant ce précieux collyre venant de la lointaine ville de Beijing, la jeune fille émue se jette dans les bras de ses mamans chinoises.
? Chaque fois qu’elle va faire une visite de contr?le, il y a toujours quelques mamans qui accompagnent spontanément Lizzy à l’h?pital. Des sentiments mère-fille se développent progressivement entre nous ?, confie à CHINAFRIQUE l’initiatrice du groupe de mamans de l’amour, Peng Yan. Quand elle voit les mamans, Lizzy les serre dans ses bras et ne veut pas les lacher, ajoute madame Peng.
Arrivée au Zimbabwe en 1997, Peng Yan travaille pendant que son mari ouvre un petit commerce à Harare, leurs deux enfants étudient alors aux états-Unis. Pendant longtemps, elle n’a pas beaucoup de contacts avec l’extérieur. C’est par hasard qu’en 2009 madame Peng et ses amis locaux visitent un orphelinat. Elle est alors profondément touchée : ? J’ai trouvé les enfants là-bas simples et joyeux, leurs rires étaient plus naturels et brillants que les n?tres, je suis donc tombée amoureuse de ces enfants ?.
Très rapidement, elle comprend que son aide individuelle ne peut être que limitée et tente de mobiliser plus de Chinois. C’est ainsi que se forme le groupe des mamans de l’amour ?uvrant au Zimbabwe, nommé ? De l’amour en Afrique ? en avril 2014. Beaucoup de membres de l’Association de commerce des Chinois en font partie : ? Les cadres de notre association participent activement aux activités caritatives et soutiennent fermement le groupe de mamans de l’amour ?, affirme Gao Taiping, vice-directeur de l’Association de commerce des Chinois au Zimbabwe. Fort de ce soutien, le groupe passe de trois ou quatre membres au début à plus de cinquante aujourd’hui, comprenant désormais des papas.
Selon madame Peng, jusqu’à maintenant, elles ont aidé plus de dix orphelinats. à la période de No?l 2014, elles découvrent que les enfants de l’orphelinat Hurungwe n’ont pas assez d’argent pour payer leurs frais de scolarité et décident de payer ces frais. Les frais de scolarité de plus de cinquante enfants représentent quand même une grosse somme, d’autant plus qu’il y a trois semestres à l’école au Zimbabwe. Une maman propose donc de tenir une vente decharité au profit des enfants. Ainsi, pendant la fête du Nouvel An chinois en 2015, la vente de charité a permis de récolter l’argent nécessaire pour financer les frais de scolarité des orphelins de Hurungwe.
? Cette vente nous a encouragé, tant de gens soutiennent notre activité que nous sommes plus enthousiastes que jamais ?, confie madame Peng. Chaque fois qu’elles vont à l’orphelinat, les enfants organisent spontanément des spectacles pour les mamans chinoises. Parfois, elles dansent même avec eux. ? Lorsque les responsables de l’orphelinat parlent de nos aides, ils pleurent ?, raconte madame Peng. Le groupe re?oit souvent d’émouvantes lettres de remerciements : ? Nous avons beaucoup de choses à faire pour rendre notre orphelinat conforme au standard que nous nous fixons, mais grace à vos aides et à votre générosité, nous espérons pouvoir réaliser des miracles ! ?
Fin novembre 2015, avant sa visite d’état au Zimbabwe, le Président chinois Xi Jinping a publié un article dans le journal zimbabwéen The Herald. ll y évoque l’histoire du groupe des mamans chinoises qui offrent aux orphelins aide et amour. Selon le Président, leurs actions témoignent du ? temps présent ? de l’amitié sino-zimbabwéenne, et cultivent aussi ? le temps futur ? de l’amitié entre les deux pays.
Des membres du groupe ? De l’amour en Afrique ? avec les enfants et le personnel d’un orphelinat au Zimbabwe
Selon les statistiques du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNlCEF), en Afrique subsaharienne, il existe environ 50 millions d’orphelins à cause de la pauvreté, des maladies, des guerres, etc. Cette situation suscite l’inquiétude de la communauté internationale et des autorités chinoises.
En décembre 2015, la Première dame de Chine, Peng Liyuan, visite la maison des enfants Grace Mugabe à Harare. Elle affirme alors que les orphelins sont l’un des groupes les plus faibles et démunis, et que toute la communauté a le devoir de s’assurer qu’ils sont heureux et bénéficient d’une bonne éducation. En conséquence, ces enfants aimeront la vie, et pourront aider les autres en grandissant.
Par ailleurs, la forte implication caritative des Chinois permet de changer leur image sur le continent africain : ? L’image de quelques Chinois est de plus en plus mauvaise, on dit qu’ils ne savent que gagner de l’argent, et que la plupart des Chinois sont tristes. Mais en même temps, de plus en plus de Chinois participent aux activités caritatives, ce qui améliore progressivement notre image ?, constate Gao Taiping.
Selon lui, contribuer à la vie de la communauté en Afrique est une responsabilité des Chinois. La participation aux activités caritatives incarne l’excellente vertu traditionnelle chinoise, selon laquelle on doit être ? favorable à la charité, prêt à aider les autres ?. Le groupe des mamans en est un très bon exemple. ? Notre but n’est pas que les enfants se souviennent de nous, mais de changer leur destin grace à nos aides. Et ce que nous espérons le plus c’est qu’ils puissent aider les autres quand ils en seront capables ?, confie Peng Yan. L’initiatrice du groupe souhaite que de plus en plus de Chinois en Afrique puissent les rejoindre, pour offrir aux enfants l’opportunité d’un bel avenir. CA